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d'Annessy à Annecy, 6000 ans d'histoire...

Annecy doit sa naissance à une situation géographique privilégiée dans les Alpes françaises du nord entre une région montagneuse (massifs des Bornes et des Bauges) et la plaine vallonnée et fertile de l'Albanais.  Bien que les éléments physiques ne puissent prétendre avoir joué un rôle déterminant dans son essor, il est certain que par sa position, au débouché d'une large cluse occupée dans sa plus grande partie par le lac, dans un site réunissant des éléments aussi variés que nombreux, tels que le lac, la montagne, la plaine et une rivière au débit abondant et constant, Annecy a su tirer au cours des siècles, un excellent parti de sa position géographique.

A cela, il convient d'ajouter une série d'événements historiques extérieurs qui ont eu successivement les répercussions les plus favorables sur l'essor politique, religieux ou économique de la cité.  Il est bien évident que c'est cette combinaison de facteurs géographiques et d'événements historiques qui a favorisé l'épanouissement de l'actuelle capitale du département de la Haute-Savoie dont nous allons très brièvement esquisser l'histoire.

 LES VILLAGES LACUSTRES

 Annecy peut s'enorgueillir d'être l'une des villes des Alpes dont les origines sont les plus anciennes, en raison des vestiges de palafittes recueillis à quelques mètres du rivage des Jardins de l'Europe, à proximité de l'île des Cygnes, qui permettent d'affirmer l'existence d'un village néolithique dont les traces furent découvertes à l'occasion du dragage du chenal d'accès au port d'Annecy exécuté en 1884.  Les prélèvements pratiqués ultérieurement ont permis de dater cette station de l'époque du bronze final d'environ 900 avant Jésus-Christ.

 D'importantes découvertes plus récentes ont révélé des phases encore plus anciennes d'occupation, remontant à près de 3100 avant Jésus-Christ faisant d'Annecy l'une des cités de Savoie aux origines les plus reculées de toute la région.

 BOUTAE : VICUS GALLO-ROMAIN

 Cette seconde phase de notre histoire débutant environ 50 ans avant Jésus-Christ, porte sur une période de 5 siècles.

 D'un modeste village allobroge révélé par la découverte de quelques monnaies gauloises, va naître un vicus gallo-romain dont le développement sera favorisé par sa position sur un important réseau routier transalpin sur la grande voie de Milan et Trèves par le col du Petit Saint Bernard avec un embranchement important en direction de l'ouest vers Aix, la station thermale d'Aquae très fréquentée des romains.

 Ainsi va se développer sur 29 hectares, une ville de forme triangulaire dont chaque pointe est dirigée dans les 3 axes de ces circulations (Genève au nord, Italie au sud, Aix-lesBains à l'ouest).  La prospérité commerciale jointe à l'activité artisanale du vicus va permettre l'essor de cette petite cité dotée d'une vaste basilique (de 46 m sur 22 m), d'un forum, de thermes et d'un théâtre d'une capacité de 1000 places.  Une longue et minutieuse observation patiemment menée par plusieurs générations de chercheurs, accompagnée d'une abondante épigraphie, ont permis de cerner avec suffisamment d'exactitude cette ville pour en dresser le plan et exécuter une remarquable maquette.

 Après avoir connu une période d'apogée, qui allait porter la population à près de 2000 âmes, Boutae va connaître le désastre d'une première invasion des Alamans, peuple germanique, vers 260-277, dont elle se relèvera difficilement au IVe siècle.  La seconde invasion de la Gaule devait constituer un choc qui fut fatal à la brillante cité gallo-romaine qui sera définitivement effacée du sol annécien à partir du Ve siècle (dernière monnaie à l'effigie de Zenon 491).

 LA PHASE D'ANNECY-LE-VIEUX 

Les Burgondes marqueront à leur tour une brève étape par leur arrivée en 443 (date de leur reconnaissance dans notre région).  Leur installation éphémère dans le site de Boutae ne nous a laissé que peu de traces, mis à part quelques tombes éparses. 

Le fil conducteur passera par cette phase diffuse constituée d'un ruban d'installations rurales échelonnées à flanc de coteau le long de la bordure septentrionale du bassin du lac.  Héritiers d'anciennes villas galloromaines, nous en retrouvons les traces aux Barattes, à la Joncquière (Annecy-le-Vieux), à Brogny, Gevrier...

 La présence de l'une de ces «  villas » appartenant à un certain Aniciacus est probablement à l'origine du nom d'Annecy.

 Époque et installations aux contours indécis qui n'en seront pas moins marquantes du fait de l'arrivée du christianisme et par suite d'une nouvelle implantation en bordure du Thiou.

 Cette période charnière verra le transfert d'une partie des populations au pied du contrefort du Semnoz, lieu déjà occupé par un groupe de riverains, pêcheurs, bateliers et potiers.

 LES ORIGINES D'ANNECY

 La situation géographique de ce berceau allait déterminer une nouvelle implantation : heureuse combinaison trouvant appui sur l'escarpement rocheux du château et les rives du déversoir du lac ; un socle rocheux facilitant la fortification d'une île et offrant une possibilité de verrou et de péage dont l'exploitation s'affirmera rapidement.

 Toutefois, les conditions de ce développement demeureront difficiles à déterminer ; seules les étapes de christianisation nous aideront à esquisser la chronologie de cet «  Annecy-le-Neuf ».  L’érection de l'évêché de Genève, avant 450, sera le prélude à l'apparition de communautés chrétiennes dont l'implanta tion cernera la « ville du Thiou » avec Saint-Laurent d'Annecy-le-Vieux, Saint-Etienne de Gevrier et Saint-Etienne de Loverchy.

 Les deux chartes datées de 1107 et 1145 faisant état des églises d'Annecy-le-Vieux et d'Annecy-le-Neuf, permettent de fixer au début du Xlle siècle, l'érection de la paroisse Saint-Maurice, et d'en justifier le vocable en filiation directe avec le prieuré bénédictin de Talloires déjà cité en 879, créé en 101 8, et dont elle dépendait.

 Si l'on ajoute l'existence d'un marché hebdomadaire en 1170, on peut affirmer qu'à cette époque, la nouvelle bourgade d'Annecy-le-Neuf est bien en place.

 LES COMTES DE GENÈVE

 

Des rivalités ayant surgi entre les comtes de Genève et les princes-évêques placés à la tête de ce diocèse, la famille de Genève se vit dans l'obligation d'abandonner sa résidence des rives du Léman au profit du site annécien.

 Établi tout d'abord à Novel (1174), Guillaume de Genève fixe définitivement sa résidence au château d'Annecy en 1219.  Cette installation aura pour conséquence de promouvoir une modeste bourgade de 600 habitants en capitale politique et de donner à la forteresse sommaire du château, une fonction de résidence princière.

 Le visage de la ville elle-même sera profondément modifié par suite de la présence d'une cour avec tout ce que cela peut induire : l'installation d'un gouvernement et d'une administration centrale, d'un atelier monétaire, le développement économique commercial et artisanal, enfin un essor démographique qui doublera la population.  La ville dessine une nouvelle urbanisation : moulins, industries textile et métallurgique animent les rives du Thiou ; rues, faubourgs et remparts donnent les assises définitives que cette ville du Moyen Age conservera jusqu'au début du XIXe siècle.

 AMÉDÉE VIII

 L’extinction de la famille de Genève à la mort, en 1394, de Robert de Genève devenu l'antipape Clément VII d'Avignon, va faire entrer Annecy et le Genevois sous la coupe de la famille de Savoie.  Amédée VIII de Savoie achète le comté en 1401, réalisant ainsi l'unité territoriale de ses États.  Il dotera l'ancien comté de Genève d'un régime particulier en l'érigeant en apanage au profit des fils cadets de sa famille et Annecy pourra conserver son rôle de capitale politique et administrative.

 Par les liens privilégiés qui vont se nouer entre ces nouveaux princes de Genevois-Nemours et la Couronne de France, notre ville va connaître la période la plus brillante de son histoire.

 Le premier mérite du duc Amédée Vill (1383-1451) fut de relever Annecy de ses ruines consécutives à une série d'incendies dont elle souffrit en 1403, 1412 et 1448, anéantissant la ville et le château.

 Indépendamment de cette complète reconstruction, il favorisa la création du couvent des Dominicains, l'actuelle église Saint-Maurice (1 422).

 LES SAVOIE-NEMOURS

 Dans la lignée des princes placés successivement à la tête du duché de Genevois-Nemours de 1428 à 1659, la période de la régence de Charlotte d'Orléans (1533-1564) a particulièrement marqué par les plus belles constructions dont peut s'enorgueillir notre ville : le Logis Nemours édifié en 1539, la plus élégante façade de notre château, ainsi que le chemin de ronde, l'actuelle cathédrale Saint Pierre édifiée en 1535 comme chapelle d'un couvent de Franciscains, et la maison Lambert qui lui fait face, le clocher de la collégiale NotreDame-de-Liesse vers 1550.  Si l'on ajoute à cette liste le collège chappuisien ouvert en 1549, aujourd'hui disparu, la création de l'Académie florimontane en 1607, on conviendra aisément que ce sont ces trois décennies qui ont le plus enrichi le patrimoine monumental et historique de notre cité.

 ROME DE LA SAVOIE

 Cette même période a porté à son apogée le rôle religieux d'Annecy devenu à la fois le refuge des catholiques de Genève, et le bastion de la Contre-Réforme.  Chassés par le triomphe du calvinisme, couvents et chapitres précèdent le prince-évêque de Genève pour trouver hospitalité dans notre ville.

Simultanément, nous assistons à l'éclosion d'une prolifération de communautés religieuses :

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Les Cordeliers        :1534

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Les Clarisses          :1535

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Les Capucins          :1594

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Les Visitandines      :1610

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Les Barnabites        :1614

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Les Annonciades     :1638

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Les Bernardines      :1640

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Les Lazaristes         :1640

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Les Cisterciennes    :1648

 Ajoutons à cela l'éclat de l'épiscopat de saint François de Sales (1602-1622) et l'on comprendra que les historiens aient qualifié la ville de Rome de la Savoie.  

 PROGRESSION DÉMOGRAPHIQUE

 La bourgade promue au rang de ville et de capitale politique et religieuse n'en demeure pas moins un centre d'échanges et de gros marchés avec un artisanat développant avantageusement ses activités le long des rives du Thiou.  Néanmoins, la cité reste encore engourdie à l'intérieur de son enceinte.

 La Révolution, avec l'entrée des troupes françaises en Savoie en 1792, va bouleverser cette situation entraînant le départ de toute une population de nobles et de religieux.  Mais ce qui aurait pu être une douloureuse épreuve va bien vite se transformer en un prodigieux essor grâce à une reconversion spectaculaire des couvents en usines.

 Nous assistons alors à un vaste développement industriel qui se prolongera dorénavant avec une constance, irrégulière certes, mais durable jusqu'à nos jours.

 Au nombre de ces multiples fabriques, le textile va occuper une place prépondérante avec la grande <1 Manufacture , de coton qui emploiera jusqu'à 2000 ouvriers.

 Le retour à la Savoie en 1815 ne viendra pas entraver ce bel élan industriel qui ne fera que se développer et se diversifier à l'intérieur d'un urbanisme éclaté.

 Si l'annexion de la Savoie à la France en 1860 marque une régression de l'activité économique, on voit apparaître à la même époque les débuts d'une activité touristique qui va contribuer à donner un nouveau visage à la ville.

 Favorisées par la houille blanche, les industries se multiplient et se dispersent à travers toute l'agglomération.  Phénomène qui s'accentuera encore après la deuxième guerre mondiale dans le cadre de la décentralisation industrielle.

 Après les , trente glorieuses », la proportion de la population ouvrière ira en décroissant.  Annecy tendra de plus en plus vers une fonction tertiaire affirmant son rôle de capitale d'un département dont la population est passée de 541 500 habitants en 1 988 à 642 1 00 en 1 998.

 QUELQUES DATES DE L’HISTOIRE D’ANNECY

   

4000-3058 av.  J.-C.   

Construction du premier village littoral néolithique à Annecy-le-Vieux.

50 av.  J.-C.   

Vicus gallo-romain de Boutae.

260-277   

Invasion alamanique, incendie de Boutae.

443   

Arrivée des Burgondes en Sapaudia.

Vers 1100   

Naissance présumée d'Annecy-leNeuf, au pied des premières fortifications.

1146   

Première mention d'une église à Annecy-le-Neuf.

1219   

Le comte de Genève s'installe à Annecy.

1356   

Aménagement de la maison-forte de 1'lle.

1367   

Confirmation des franchises d'Annecy, apparues auparavant à une date inconnue.

1401   

Annecy entre dans le domaine comtal savoyard.

1403-1412-1448   

Principaux incendies d'Annecy.

1416   

La Savoie devient duché.

1422   

Installation des Dominicains.

1440-1444   

Annecy, capitale de l'apanage de Philippe de Savoie.

1460-1491   

Annecy, capitale de l'apanage de Janus de Savoie.

1514   

Annecy, capitale de l'apanage constitué par Charles 111 à son frère Philippe.

1528   

Philippe reçoit de François ler le duché de Nemours.

1568-1578   

Ange Guistiniani, évêque de Genève, s'établit à Annecy et promulgue les décrets du Concile de Trente.

1600 (5 octobre)   

Entrée d'Henri IV à Annecy.

1602-1622   

Episcopat de saint François de Sales.

1607   

Fondation de l'Académie florimontane.

1610   

Fondation de l'ordre de la Visitation.

1630 (23 mai)   

Louis XIII à Annecy.

1659 (14 janvier)   

Mort d'Henri 11, dernier duc de Genevois-Nemours.  Fin de l'apanage.

1666 (9 niai)   

Fêtes de la canonisation de François de Sales.

1690-1696   

Occupation française durant la guerre de la Ligue d'Augsbourg.

1703-1713   

Occupation française pendant la guerre de Succession d'Espagne.

1711 (fin février)   

Inondation catastrophique.

1742-1749   

Occupation espagnole jusqu'à la paix d'Aix-la-Chapelle.

1768 (3 et 4 sept.)   

Fêtes de la canonisation de Jeanne de Chantal.

1772   

L’église Saint-François (d'Assise) devient cathédrale, après la suppression des Cordeliers.

1792 (26 sept.)   

Entrée des troupes françaises à Annecy.

1794   

Premier plan d'urbanisme par Thomas-Dominique Ruphy.

1803 (24 août)   

Installation des deux curés concordataires.

1804   

Fondation de la Manufacture de coton.

1815 (21-22 déc.)   

Annecy fête son retour au royaume de Piémont-Sardaigne.

1816-1817   

Sévère disette.

1822 (15 février)   

Bulle pontificale d'érection de l'évêché d'Annecy.

1860 (22-23 avril)   

Plébiscite d'annexion à la France.

1866   

Chemin de fer à Annecy.

1895   

Création du syndicat d'initiative.

1904   

Première centrale électrique de Brassilly.

1913   

Ouverture de l'Impérial Palace.

1917   

Construction de l'usine de roulements à billes.

1953   

Achat du château par la ville.

1961-1963   

ZUP de Novel.

1962   

Collecteur du tour du lac.

1976   

Croix piétonne du puits Saint-Jean.

1981   

Inauguration du centre Bonlieu Achèvement de l'autoroute Lyon-Genève.

1982   

Nouvelle gare mixte.

1983   

Liaison Annecy-Paris par le TG.V.

1990 (1er décembre)   

Ouverture de l'hôtel Impérial et du centre de congrès.

1991 (mars)   

Ouverture du casino.